Faouzia Zebdi-Ghorab

Respect de la transcendance et Intelligence historique du présent

Article

Le bon musulman

Dans l’interview donnée au journal gratuit « Métro » du 1er avril 2010, il ne dit ni « vrai » ni même « bien » ce qui aurait pu consoler nos esprits affligés.

Je le tourne et le retourne, tentant vainement d’y trouver du sens, ou même de la cohérence dans le « non sens ». Mais, peine perdu, il s’agit d’une décoction qu’il nous faut ingurgiter en grimaçant, en se disant qu’au bout, peut être, réside la guérison salutaire.

Khalil Merroun, membre du CFCM et du CIF, gère la plus grande mosquée de France et une des plus grandes d’Europe. En effet la mosquée d’Evry Courcouronnes représente une surface de 7000 m2 pour des fidèles allant de 5000 à 10000 fidèles. Il est vrai que le fait de disposer de telles infrastructures ne peut qu’être propice à une vitalité intellectuelle, comme semble vouloir le démontrer le recteur, dans l’interview donnée au journal gratuit « Métro » du 1er avril 2010, en préconisant le dialogue. Le tout étant de savoir les modalités de ce dialogue.

La réponse est claire : « Le CFCM doit s’organiser de manière à faire passer le message auprès des imams et des mosquées. » « Imaginez qu’un policier déshabille une femme parce qu’elle porte le voile intégral. Elle sera stigmatisée. » Sic !!!

Cela me rappelle un propos populaire qui dit « prestigieuses funérailles, mais le mort est un chien ».

En guise de pédagogie et d’éducation, il s’agit de faire passer un message et quel message !

Les musulmans doivent « passer inaperçus». Tout comme les bonnes sœurs, je suppose, ou les moines bouddhistes ou les juifs orthodoxes etc…

La démonstration jurisprudentielle n’en est pas moins surprenante : – « la base du dogme ce sont les 5 piliers de l’Islam », Honte à ceux qui ont toujours enseigné le dogme de l’unicité comme dogme principal !

– « Le prophète a dit de laisser une barbe mesurée, pas une barbe qui va jusqu’au sol », Une telle trivialité dans les propos tenus par le Prophète de l’Islam, nous n’y étions guère habitués. Aussi, sommes nous en droit de nous interroger sur l’authenticité historique de tels propos.

– « De nombreux théologiens disent que la burqa est un acte culturel, et non cultuel » En France, en l’occurrence, il ne s’agit pas de burqa mais de voile intégral mais pour cela aussi la réponse est claire : « Le CFCM a clairement expliqué que le voile intégral n’avait rien à voir avec l’islam »

– « La plupart des femmes qui le portent sont de nouvelles musulmanes, récemment converties. Elles doivent savoir que l’islam demande de modérer les comportements » De la à dire qu’il s’agit d’un extrémisme, il n’y a qu’un pas.

– « Je pourrais dire que ce n’est pas un problème interne à l’islam, mais un problème franco-français.»

Nous y voilà ! Le mot est enfin lâché ! Laïcité, oui. Loi 1905, oui, mais comme à l’époque de la colonisation française, elle ne s’applique pas aux indigènes, n’est ce pas ?

Toujours victimes d’un régime d’exception, les musulmans doivent faire profil bas et accepter une laïcité à géométrie variable selon les besoins du moment.

– « Lorsque j’étais salarié à la Snecma, j’essayais de me faire discret. J’allais prier dans le vestiaire sans me faire remarquer… » Nous convenons comme de bien entendu que l’Islam peut s’accompagner d’arrangements, mais ne pourrait on pas imaginer que pour certains, une pause prière soit tout aussi envisageable qu’une pause cigarette ? En avançant une comparaison strictement économique il faut savoir que le fumeur peut « griller » 25 cigarettes par jour, alors que le musulman accomplira tout au plus 4 prières.

– « J’invite les musulmans à faire une prière le vendredi pour la France, ce qui n’est pas un geste diplomatique mais une demande sincère. Si Dieu protège la France, la communauté musulmane sera la première à en bénéficier.» Sans commentaire…

Français et musulman : est-ce possible ?

C’est le titre de son dernier ouvrage dont les termes rejoignent les sempiternelles poncifs : islam et modernité/ islam et démocratie / islam et liberté…islam et laïcité.

Les mettre en apposition, c’est déjà considérer qu’une opposition quasi conflictuelle est possible, voire existe déjà.

Ces responsables de grandes mosquées se targuent de défendre les valeurs de la république et le principe démocratique, à grande pompe alors qu’ils n’ont pas eu le courage d’affronter des élections dans les mosquées parce qu’ils craignaient la « surprise » des résultats…

Ceci n’est d’ailleurs pas sans nous rappeler les réflexes de certains régimes.

Tous ces quémandeurs de « Baraka administrative » pour reprendre une expression de l’éminent Sadek Sellam, s’octroient la paternité du discours religieux et le pouvoir d’orienter les volontés de la communauté musulmane à des fins idéologiques et politiques.

Travailler à un Islam de France, c’est appréhender les problématiques d’en haut, depuis la position de l’Intelligentsia, des « notables » et autres « bien pensant ». Travailler à la légitimité d’un Islam en France, c’est travailler à l’analyse réelle d’une situation afin de poser les jalons d’une action efficace.

Et pour paraphraser une phrase de l’imam Hassan al Banna, je dirais aux « représentants » de l’Islam en France que : « la communauté est avec vous en vérité si vous l’orientez… » Mais c’est une force que vous ignorez et que vous pouvez même mépriser en certaines circonstances. Mais en même temps, cela n’est pas sans nous rappeler la théorie hégélienne du maître et de l’esclave. Ceci pour dire qu’il ne tient qu’à nous de renverser le rapport de « représentativité » des porte parole auto proclamés.

Jaugeons nos capacités à changer et faire se changer les choses, en nous demandant avec quelles préoccupations nous nous endormons et avec quelles préoccupations nous commençons notre journée.

Il nous faut troquer notre vison étriquée du monde pour une vision humaniste voire universaliste. Ainsi nous aurons pris le chemin de l’accomplissement de notre être. Un être spirituel et temporel. Un être avec Dieu dans toutes les circonstances de la vie. Et un être pour Dieu dans la réalisation de la justice.

 

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